Elle

Elle se fait sauter. Par tous les beaux parleurs qui passent. Vieux, de préférence. Elle croît que, comme ça, elle prendra son pied. Elle suce, elle gémit, mais que d'alle. Elle prend pas son pied. Surtout que l'enfoiré il a même pas envie d'elle. Pourquoi ? Elle doit être laide. Il faut dire qu'elle est loin de la bimbo blonde à gros seins, celle qui fait fureur dans les magazines porno. Ceux que mate surement son père en cachette. Comme il mate ses seins, dès qu'elle a le malheur de porter un débardeur. Elle y pense, maintenant, quand elle met le fameux débardeur rose. Il peut donc pas se retenir ce conard, cet obsédé du q ? Elle voudrait lui dire qu'elle en a ras-le-cul mais elle peut pas. Va dire à ton père d'arrêter de mater tes seins...

On dirait qu'elle fait tout pour se salir un peu plus. Il la traite comme une m..., l'appelant une fois par mois, et elle accepte de baiser avec lui. Oh, il y a bien longtemps qu'elle ne l'appelle plus, si ce n'est pour constater qu'encore une fois, il ne répond pas au téléphone, sûrement en train d'en baiser des bien plus jolies qu'elle.

Elle pourrait être jolie. Tu sais, le genre de beauté douce, pure et innocente, qu'elle se plaisait à être autrefois. Mais il l'a salie, profitant de son innocence...

Alors maintenant elle se déguise en pouf, faisant passer ça pour des envies de séduction. Etant heureuse quand les hommes la regardent d'un air lubrique, comme son père la regarde... Les schémas ne sont après tout qu'un éternel recommencement... Elle se salie, elle se détruit. Et quand elle ne le fait pas, tâchant de prendre soin d'elle, elle se sent seule. Nulle aussi. Elle n'a jamais su ce qu'elle pouvait bien valoir.

Oh, jouer un autre rôle, elle sait faire. A merveille, même. Quand il s'agit de jouer la femme fatale, capricieuse, malicieuse, ou je ne sais quoi encore, elle est incontestablement douée.

Mais son charme s'envole aussi vite qu'il était arrivé. Sa vraie nature reprend le dessus. Elle redevient la pauvre fille, cassée, nécessitant les compliments rassurants.

Et fuyant ceux qui l'aiment. Toujours. Sous n'importe quel prétexte.

Elle aime parler d'elle. S'exposer. Elle croît avoir une vie plus glauque que les autres. Elle fait tout pour se faire plaindre.

Elle est égoïste, sourit un jour sur sept l'été, jamais l'hiver. Elle a toujours une bonne excuse pour cesser de se battre, pour se laisser vivre.

Ah. Elle est bi aussi. Ou peut-être lesbienne.

Et surtout elle se déteste. Et sa vie est à son image, monotone, solitaire, à son plus grand désarroi.

Elle en a marre du sexe. Elle se croît au XVIIIe siècle, voudrait baiser avec un homme qu'elle aime et qui l'aime. Mais elle a pas l'impression que c'est possible. En tout cas c'est rarement arrivé. Elle veut bien être patiente. Mais elle sait qu'elle foutra en l'air tout nouvel espoir.